Trimat : le bon cap !
Publié le 29 Juin 2015
Honfleur n’abrite pas seulement une ville au riche passé. Elle compte aussi des PME industrielles entreprenantes, à l’image de Trimat, spécialisée dans la conception et la fabrication de cellules isothermes pour véhicules utilitaire. Visite guidée.
« La stratégie est de passer de la production en sous-traitance à celle de nos propres produits. »
Mutualiser les forces
Trimat est un bel exemple d’une PME industrielle qui a su rebondir après la crise de 2008. A l’origine, la société fabrique en effet des pièces en polyester pour de grandes entreprises. « Une activité qui dégageait peu de valeur ajoutée », explique Anthony Reeman, Directeur du site Trimat. Progressivement, l’activité est recentrée sur la fabrication de caissons isothermes pour véhicules utilitaires. Un redéploiement rendu possible par l’appartenance de Trimat au groupe vendéen PR. Spécialisé dans la fabrication de pièces en résine thermodurcissable armée de fibre de verre, le Groupe PR compte 5 filiales regroupant 150 collaborateurs. Parmi ces filiales, citons DBR Composites, fabricants de pièces en résine sur moules ouverts, Strate Composite, spécialiste des produits en résine thermodurcissables pour la carrosserie automobile, et Créastyl. Ce dernier est un bureau d’études et d’ingénierie qui conçoit et réalise les outillages nécessaires à la fabrication des moules, avec des outils informatiques de pointe, dont des stations CAO-FAO CATIA V5 (Dassault Electronique). Des compétences dont Trimat va tirer le meilleur parti, en devenant en quelques années le principal fabricant de kits isothermes pour véhicules utilitaires. Ces kits sont alors vendus à de grands carrossiers qui en assurent le montage sur véhicule et la commercialisation.
Le tournant de 2008
Trimat est cependant dans la position d’un sous-traitant, avec tout ce que cela induit en cas de « coup dur ». Il arrive en 2008, avec une crise sans précédent en Europe liée à l’effondrement financier survenu aux Etats-Unis. « Nous venions juste de construire notre nouvelle usine, celle que vous voyez aujourd’hui, pour être à même de répondre à l’augmentation des volumes. Puis, brutalement, les donneurs d’ordre ont coupé le robinet ». Pas question pour autant de baisser les bras. « On s’est dit : on conçoit les kits et on les fabrique. Pourquoi ne pas les commercialiser nous-même ? » Les choses se feront bien sûr progressivement, la société continuant de fournir ses clients traditionnels. C’est en 2011 qu’elle commercialise ses premiers kits sous la marque « Trimat », sur base Renault Kangoo, Citroën Berlingo et Jumper. « L’idée était de proposer un kit de qualité et facile à monter, façon Ikea », explique Frédéric Botton, responsable commercial. D’où l’agrément CEMAFROID, obtenu en 2010. « Le succès du projet dépendait aussi de notre réactivité face aux demandes des clients, et d’un bon rapport prix / services ».
Pari transformé
Dans cette optique, la nouvelle usine avec ses 3000 m2 couverts s’est révélée un atout considérable, de même que l’expertise du bureau d’étude interne au groupe, Créastyl. Celui-ci a en effet conçu en collaboration avec Trimat, et en un temps record, des kits isothermes pour la plupart des véhicules utilitaires du marché. Strates Composites a réalisé de son côté les moules dans son atelier d’Argentan. Ce sont ces moules qui, in fine, servent à la fabrication des kits isothermes dans l’usine Trimat de Honfleur. Toute l’organisation, de la conception jusqu’à la fabrication et à la vente, est donc basée sur les ressources internes du groupe. « En 5 ans, cela a représenté 1 million d’euros d’investissement », précise Anthony Reeman. Trimat est aussi un des très rares industriels français à fabriquer des cellules moulées. Et les résultats sont là. De 65 kits vendus en direct en 2011, le nombre est passé à 230 en 2012, 575 en 2013 et plus de 650 en 2014. Le pari est donc transformé, au point qu’aujourd’hui, la vente de kits isothermes sous marque Trimat représente 80 % de l’activité. Les 20 % restant sont réalisés avec de grands clients, souvent de longue date, comme les Remorque Vérène, les caravanes Trigano, le groupe Rapido ou les Vans haut de gamme Chardron. « Aujourd’hui, nous avons 400 modèles de moules et nous envisageons une extension du bâtiment pour réaliser une zone tampon de stockage », explique Anthony Reeman. « On reste concentré sur les nouveaux modèles et comptons encore croître. En 2015, on devrait passer les 3 millions d’euros de chiffre d’affaires ». Et de conclure : « la force de Trimat, c’est le rapport qualité/prix par rapports aux concurrents Italiens notamment, et notre réactivité par rapports aux acteurs français du secteurs ».
Prochaines réalisations : des kits isothermes pour le nouvel Iveco Daily, sur le marché depuis la fin 2014, et pour le VW Transporter 6 (T6), qui sera commercialisé en France au cours du second semestre 2015.
Jérôme Guet