Etablissements TIB à Brezolles
Publié le 12 Avril 2011
La société TIB est un spécialiste de l'aménagement des ambulances pour les pompiers ou les services hospitaliers. Mais le panel de production de l'entreprise est beaucoup plus large. D'autant que son PDG, Philippe Sandrin, n'est jamais à cours d'idée...
Rien ne se perd, tout se transforme...
Philippe Sandrin ne sait pas transformer une citrouille en carrosse. En revanche, il sait transformer une ambulance de pompiers en van pour chevaux, en fourgon aménagé pour un apiculteur, en salon de coiffure ambulant ou en plateau porte-voitures... Patron de la société TIB à Brezolles en Eure-et-Loir, Philippe Sandrin n'a pourtant pas de baguette magique. Mais il a des idées au kilo et un certain flair. « C'est une idée née de la crise », explique sans ambages Philippe Sandrin. « Depuis, la demande ne cesse de croître ».
Les débuts
Reprenons l'histoire depuis le début... La société TIB (Tôlerie Industrielle de Brezolles) existe depuis 1977. Fondée par Joël Garnas et Gérard Nouvel, elle est dans un premier temps une carrosserie générale travaillant sur tout et pour tout le monde. Au début des années 2000, TIB prend le virage de la cellule sanitaire, essentiellement pour les ambulances des pompiers ou du Samu. TIB se taille sur ce créneau un joli succès, devenant même une référence nationale. Pourquoi ? Parce que TIB innove et ne réalise que des « caisses carrées ». Il ne s'agit donc pas d'aménager un grand fourgon en ambulance mais d'installer sur le châssis du porteur une caisse carrée. Cette caisse est plus grande, plus facile à aménager et s'avère bien plus confortable pour les médecins et les sapeurs-pompiers travaillant à bord. Le succès auprès des services de secours ou hospitaliers est immédiat.
Du spécifique
En 2004, Philippe Sandrin, venant lui-même de la tôlerie industrielle, rachète l'entreprise. Les cellules sanitaires prennent de l'ampleur, au point d'atteindre aujourd'hui 55% de la production signée TIB. Mais Philippe Sandrin ne saurait garder les deux pieds dans le même sabot. TIB c'est aussi la conception et la réalisation de carrosserie et d'aménagements parfois très spécifiques sur des véhicules utilitaires ou des poids lourds. Tous les secteurs d'activités sont concernés : l'entreprise travaille entre autres pour l'armée, la SNCF, la RATP, Aéroports de Paris ou encore l'industrie et la logistique. Bref, toutes les demandes peuvent ici trouver une réponse. Une visite de l'entreprise suffit pour découvrir l'éventail des productions de la société.
En rouge et blanc
Les ateliers sont massivement habités de véhicules en rouge ou blanc. Rouges comme les ambulances de sapeurs-pompiers, mais aussi blancs comme celles des services hospitaliers, SAMU en tête. Mais rouge pompiers aussi comme les poids lourd aménagés en Poste de commandement (PC) ou en Poste médical avancé (PMA), en véhicules ateliers, de sauvetage déblaiement ou encore en véhicules d'interventions spéciales comme celles liées aux risques technologiques. TIB travaille sur appel d'offres avec les Services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) ou via l'UGAP, la centrale d'achats publics qui, après étude de la demande avec le client final, achète le véhicule. Mais les bâtiments de l'entreprise brezollienne abritent aussi des aménagements plus standards. Ici, un Peugeot Boxer est en cours d'aménagement pour le transport de personnes. Il est destiné à la RATP. Là, un poids lourd et son porteur MAN sont en cours d'aménagement pour RTE. Ailleurs, un Iveco va accueillir une cabine approfondie pour la SNCF, TIB ayant cette homologation pour les Iveco mais aussi les Renault.
Tout est intégré
L'une des forces de TIB réside également dans sa capacité à savoir tout faire. « C'est un choix », explique Philippe Sandrin. « Il s'inscrit dans le moyen et long terme, mais c'est selon moi la meilleure solution ». Atelier tôlerie, atelier bois, TIB réalise la quasi-totalité des aménagements qui équiperont les véhicules. Pour ce faire, la société s'est dotée d'un parc machine dédié aux réalisations d'usinage, de soudure, d'assemblage et de peinture, de la presse et plieuse numérique à la poinçonneuse numérique en passant par la cabine de peinture. « Parmi nos 72 employés, il y a des carrossiers mais aussi des électriciens ou des électroniciens ». TIB possède même en sein un bureau d'études et un pôle R&D. « En fait, nous avons tout intégré », poursuit le directeur.
Une idée géniale !
Et la crise ? « C'est elle qui m'a porté », avoue sans provocation Philippe Sandrin. Pourquoi ? « Parce qu'elle m'a permis de donné corps à une idée que j'avais depuis longtemps pour les ambulances ». Si la société a plutôt bien supporté les années 2008-2009, il n'en a pas été de même pour les clients de TIB, notamment les services publics qui ont connu une baisse drastique de leur budget. « Dans ce contexte, je me suis dit que mon idée de transfert des cellules sanitaires était bonne ». Une opération qui consiste à récupérer une cellule sanitaire, à la remettre complètement en état et à la réinstaller sur un nouveau châssis. « En fait, les cellules d'ambulances ne souffrent pas trop et vieillissent très bien. Les porteurs en revanche font beaucoup de kilomètres et sont remplacés régulièrement. L'intérêt économique pour les clients est évident et le calcul est vite fait. » Un porteur neuf et une cellule reconditionnée coûtent effectivement nettement moins cher qu'une porteur neuf et une cellule neuve. Bien entendu, les cellules sont entièrement démontées puis remontées, les pièces défaillantes remplacées. Elles sont totalement remises aux normes du moment et bénéficient d’une garantie. Outre les aspects économiques, ce principe de transfert est tout à fait dans l'air du temps. « Comme la cellule est transférable, sa vie est beaucoup plus longue. Elle devient donc un produit durable » confirme Philippe Sandrin.
Une seconde vie
Jamais à court d'idée, le patron de TIB a aussi imaginé une seconde vie pour les porteurs. « Ils peuvent avoir jusqu'à 100 000 kilomètres, mais ils sont très bien entretenus par les services qui les utilisent ». Philippe Sandrin rachète donc le châssis, le transforme puis le destine à d'autres métiers, sans rapport avec sa vie première. C'est ainsi qu'une ambulance des sapeurs-pompiers devient van pour chevaux ou salon de coiffure ambulant. Là aussi, l'intérêt pour les clients est limpide : ils achètent un porteur en parfait état et n'ayant pas peur de kilomètres supplémentaires ainsi que sa transformation à un prix imbattable. A titre d'illustration, un Master devenu van pour deux chevaux se vend 18 500 € HT. « Ce travail-là ne fait que croître », assure Philippe Sandrin. Le transfert est, à tout point de vue, une excellente idée. Il suffisait d'y penser...
Richard Pizzol – Photos Arnaud Hébert