Ford Ranger 2.2 TDCi BVA : utilitaire récréatif

Le cadre, avant d'entrer dans le vif du sujet. Premièrement, Ford est l'un des rares producteurs de pick-up qui, en France, fait la distinction entre les véhicules dédiés à un usage professionnel, les utilitaires donc, et les engins profilés "loisirs". Ce sont les prix qui marquent la différence, exprimés, d'un côté, hors taxes (HT) et, de l'autre, toutes taxes comprises (TTC). Dans le premier cas, les trois carrosseries proposées - simple cabine, cabine allongée et double cabine - sont concernées, et dans le second, seule la double cabine est retenue. Deuxièmement, le diesel 2.2 TDCi de 150 ch équipe toutes les carrosseries, et, en fonction des finitions, anime les variantes utilitaires comme leurs homologues adressées en priorité aux particuliers. Ce moteur n'était, jusqu'à récemment, associé qu'à une boîte mécanique à six rapports. Il peut désormais faire cause commune avec boîte automatique, à six rapports elle aussi.

Utile en usage utilitaire

Ford a toutefois pris soin de délimiter le périmètre de cette dernière. Pour commencer, les Ranger destinés à un usage professionnel, définis comme tels, n'ont pas droit à la boîte automatique, peut-être bien pour des questions de budget au vu des surcoûts qu'elle engendre. L'article, pour le coup, est réservé à la carrosserie double cabine et livré sous une seule finition, dite Limited et facturée TTC. La clientèle est clairement ciblée, de ce fait. Les premiers intéressés par le Ranger 2.2 TDCi BVA sont les particuliers désireux d'acquérir un 4x4 capable de grandes choses en tout terrain sans payer le malus, benne et plateau pouvant à l'occasion servir dans le cadre de leurs loisirs.

Reste que l'ambiguïté n'est pas entièrement levée. Le Ranger Double Cab "boîte auto" garde toute son attractivité auprès des professionnels en raison de ses capacités de charge élevées (voir plus loin), l'acquéreur pouvant tout aussi bien marier les deux usages s'il l'entend. Après tout, les utilisateurs d'utilitaires ont eux aussi des loisirs... Il y a une motivation d'achat plus objective. Les pick-up, c'est à savoir, sont des "tracteurs" émérites, celui-ci en peu plus que les autres, et constituent des pièces de choix quand il s'agit de tracter une remorque dans des conditions ardues, la transmission intégrale enclenchable aidant. Pour cette fonction précise, une boîte automatique fait mieux l'affaire qu'une boîte mécanique, tant elle facilite la conduite, plus encore à basse vitesse et en manoeuvre. Dans le même ordre d'idée, le rapport de pont du Ranger 2.2 TDCi "BVA" et légèrement supérieur à celui de son jumeau "BVM" (3,750, contre 3,550), ce qui a pour effet d'accroître la force de traction du véhicule. D'un Ranger à l'autre, toujours est-il, le poids remorquable freiné et le PTRA sont les mêmes, soit respectivement 3 350 et 5 950 kg. Des valeurs plus qu'honorables, on l'aura noté. Le crochet d'attelage est facturé 452 € TTC.

Une boîte bien faite

Considérant qu'un pick-up a également pour mission de s'éloigner des routes goudronnées, la boîte automatique est pour cet usage tout indiquée. Dans les passages difficiles, nul besoin de faire hurler le moteur en gardant engagé un rapport bas (la boîte séquentielle du Ranger BVA permet d'évoluer sur un rapport constant, généralement en première), ou encore d'enclencher la seconde à la volée quand il faut garder les mains bien en place sur le volant, ou encore de faire patiner l'embrayage, lequel apprécie modérément l'exercice même s'il est renforcé. Bref, la boîte automatique reste préférable à la boîte mécanique dans la pratique tout-terrain. C'est n'est pas pour rien que les "quatrequatreux" la vouent aux nues. Avis au professionnel amené à exercer sa profession dans des conditions similaires, étant rappelé que le Ranger est un tout-terrain surdoué. Le rapport de réduction de la gamme de vitesses courte, soit 2,48/1, dit tout.

Sur la route, la boîte automatique a pour grand mérite d'apaiser la conduite, d'où ses nombreux adeptes pour cette simple et unique raison. Celle du Ranger s'enorgueillit d'une commande séquentielle, nous l'avons dit, le conducteur prenant alors la main sans que le dispositif enclenche le rapport supérieur par lui-même, à un régime donné. Bon point. Cette boîte dispose en sus d'un mode Sport (pousser le levier sur la gauche), lequel permet de garder le rapport engagé plus longtemps avant d'enclencher le rapport supérieur à un régime plus élevé. Le moteur, en conséquence, respire mieux. On peut légitimement se poser la question de savoir si la chose a un quelconque intérêt sur un véhicule de cette nature. En côte avec un attelage et la benne bien remplie, cela peut avoir son utilité, malgré tout. 

Dans son fonctionnement courant, en mode automatique s'entend, la boîte auto du Ranger a tendance à légèrement patiner sur les deux premiers rapports, forcément très courts au vu de l'orientation tout-terrain de l'engin. Les passages desdits rapports ne s'opèrent alors pas en douceur, les à-coups ne se laissent pas ignorer, mais le phénomène s'évapore comme par enchantement au fur et à mesure que les rapports suivants s'égrènent. Les rapports, toujours eux, s'engagent au bon moment, ni trop tôt ni trop tard, et le couple généreux du moteur aidant, le confort de conduite est de haut niveau. C'est ce qu'on attend d'une boîte automatique, celle-ci se signalant par sa rapidité d'exécution au rétrogradage. Coup d'accélérateur pour chercher du répondant, ou, à l'inverse, coup de frein pour ralentir le véhicule en entrée de virage par exemple, le rapport inférieur, voire celui du dessous, est engagé au bon moment, jamais avec deux ou trois trains de retard. Certes, cette transmission n'a pas la réactivité des dispositifs dernier cri qui équipent les voitures particulières, il faut tenir compte du poids et de la masse de l'engin forcément sources d'inertie, mais il n'y a pas lieu de se plaindre. C'est bien fait et intelligemment programmé. On n'en demande pas plus.

Le prix à payer

Evidemment, ces bienheureuses facultés se paient. A l'achat, d'abord, l'écart de prix avec le Ranger 2.2 TDCi Double Cab équipé de la boîte mécanique s'élevant à 2 010 € TTC en finition Limited. A la station service, surtout. L'écart de consommation est, en l'occurrence, de 0,9 l/100 km en cycle mixte, et pour notre part, nous avons enregistré une moyenne de 11,6 l/100 km au terme de notre périple - 1 litre pour 8 km, grosso modo. Voilà qui donne matière à réflexion, et partant de là, le Ranger BVA s'acquiert en connaissance de cause. Solide compte en banque recommandé, même si, en lui-même, le prix de vente n'a rien d'excessif pour un 4x4 de cette trempe. La Jeep Wrangler 2.8 CRD "longue" demande 2 à 3 000 € de plus avec la BVA selon les finitions, et il faut, en plus, débourser un malus de 8 000 €. Rien d’étonnant qu’il se soit vendu l'an dernier six fois plus de Ranger que de Wrangler.

Pour le reste, tout le bien que nous pensons du Ranger est détaillé dans notre numéro 52 daté de juillet 2013. Pour le résumer, ce pick-up a deux atouts majeurs dans son jeu. Tout d’abord un comportement routier sûr et rassurant. Le confort de roulage, sans commune mesure avec ce que propose en la matière la concurrence sauf le Volkswagen Amarok, fait office de cerise sur le gâteau. Surtout, le Ranger se distingue par ses capacités de charge exceptionnelles, charge utile en tête. Laquelle perd une grosse poignée de kilos avec la boîte automatique, sachant qu'il y a encore de quoi voir venir. La benne est longue, large et haute. La Rolls des pick-up, c'est le Ford Ranger, le VW Amarok, c'est la Bentley... 

Par Jean Bourquin - Photos Franck Chazot

 

Les équipements de série en finition Limited

ABS avec aide au freinage d'urgence, 7 airbags, antidérapage ESP avec contrôle adaptatif de la charge, allumage automatique des phares et des essuie-glace, bac de protection du plateau, climatisation automatique bi-zone, installation audio avec écran d'affichage déporté, commandes vocales, interface Bluetooth, prises auxiliaire/USB, commandes au volant et 4 HP, jantes alliage 17 pouces, 4 lève-vitres électriques, pare-brise chauffant, radars de parking AR, rails d'arrimage, régulateur de vitesse, rétros électriques et rabattables électriquement avec éclairage au sol, rétro intérieur électrochrome, sellerie cuir, siège conducteur électrique, verrouillage centralisé télécommandé, verrouillage de la ridelle AR, volant cuir réglable en hauteur.

Les principales options (en € HT)

Contrôlographe (753), couvre-tonneau rigide (2 007), couvre-tonneau souple (840), crochet d'attelage (452), navigateur GPS (953), peinture métallisée (582).

 

Fiche technique : Ford Ranger 2.2 TDCi 150 BVA Double Cab

Moteur

Type : turbo-diesel, 4 cylindres en ligne, 16 soupapes. 2198 cm³

Alimentation : injection directe Common Rail

Puissance : 150 ch à 3 700 tr/mn

Couple : 375 Nm de 1 500 à 2 500 tr/mn

Puissance fiscale : 7 CV

Transmission

Type : 4x4 enclenchable

Boîte de vitesses : automatique à 6 rapports + réducteur

Direction

Type : crémaillère, assistance hydraulique

Diamètre de braquage : 12,4 m

Freinage

ABS avec aide au freinage d'urgence

AV : disques ventilés

AR : tambours

Antidérapage ESP : série

Suspensions/pneumatiques

AV : double triangulation, combinés ressorts-amortisseurs

AR : essieu rigide, ressorts à lames

Pneumatiques : 265/65 R 17

Consommations/performances

Stop-start : non

Conso. urbaine/extra-urbaine/mixte : 11,9/8/9,4 l/100 km

Emissions de CO₂ : 248 g/km

Réservoir : 80 litres

0 à 100 km/h :  12,6 sec.

Vitesse maxi : 175 km/h

Dimensions

Longueur : 5 359 mm

Largeur : 1 850 mm

Hauteur : 1 815 mm

Empattement : 3 220 mm

Garde au sol : 232 mm

Capacités benne

Longueur : 1 560 mm

Largeur : 1 544 mm

Largeur entre les passages de roues : 1 139 mm

Hauteur : 511 mm

Seuil de chargement : 835 mm

Poids

Poids à vide : 2 205 kg

Charge utile : 1 137 kg

PTAC : 3 200 kg

Poids remorquable freiné/non freiné : 3 350/750 kg

PTRA : 5 950 kg

Prix

Limited : 37 750 € TTC 

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